LES ŒUVRES de VALERIE BONDUELLE
La nature fourmille de recoins merveilleux dans lesquels notre regard s’engouffre volontiers, d’anfractuosités et d’embrasures étranges auxquelles il s’accroche avec plaisir et parfois demeure. Y nichent des êtres et des univers d’une telle richesse que notre imagination bondit à la vue de ces microcosmes. Ce sont des navires étranges, des voiles fragiles, des écritures de vent, des feux de Bengale éteints, des coraux échevelés ou bien encore des empreintes de crustacés invisibles, à peine recouvertes par la marée montante, qui animent les aquarelles et les encres récentes de Valérie Bonduelle.
Souvent rattachés à l’univers marin, ces motifs sont à peine reconnaissables de par leur taille minuscule et leur forme effilochée. On repère toutefois, ici et là, un soleil couchant, une touffe d’herbes séchées, une anémone ou une voile. La vague ou le nuage constituent souvent le centre ou la trame de fond de la composition. Cet effet graphique aquatique est accentué par une couleur souvent très diluée et acidulée et par un trait calligraphique qui emporte ces petites compositions dans un mouvement tourbillonnant, ascendant ou dansant. La manière discrète d’occuper la feuille, en laissant des réserves et de larges marges vierges, engage le spectateur à une sérénité. Il doit être patient et se contenter de ce qui lui est montré. Il reçoit la leçon suivant laquelle ce « peu » contient tout.
En tout état de cause, on éprouve une forme d’émerveillement et de sérénité dans ces œuvres graphiques. Si la plupart des encres et des aquarelles offre en effet des visions candides et apaisantes comme celles issues des séries intitulées « Manèges », « Horizons », « Roses » et « Tiges », certaines sont plus puissantes comme les « Cavernes ». On s’attend à être davantage encore surpris ou dérangé par une scène étrange, qui nous révélerait subitement un univers méconnu. Elles renvoient lointainement aux gravures à l’eau forte ou aux lithographies réalisées en nombre à la fin des années 1980 et au début des années 1990 alors que l’artiste recevait à Londres une formation complète aux techniques de la gravure au prestigieux Royal College of Arts.
Les collages de plumes, de végétaux ou de minuscules coquillages qui intègrent et soulignent çà et là les compositions peintes ou dessinées, adoucissent toujours notre vision du motif. Comme c’est le cas dans les « Draps anciens » qui sont autant d’œuvres simples dans lesquelles l’artiste fait vœu de pauvreté. Sur un carré de tissu de gros coton blanc épinglé à une feuille de papier rigide, l’artiste dessine et brode des comètes qui sont autant de lampions d’une fête oubliée, des feux d’artifice lointains, des Ascensions païennes, etc. Le fil à coudre permet de rehausser certains détails de la composition et de donner une matière plus triviale à ces vieux tissus que l’encre vient maculer d’auréoles jaunes ou roses. Reviennent en mémoire des sensations de nappes froissées, de draps de jeunes filles tachés…
L’attitude qui consiste à tirer avantage des accidents naturels offerts par le matériau et le support en général, est répandue chez les artistes dont le regard se transforme souvent en vision. Les « Bois polychromes » poncés et dessinés s’apparentent à des totems ou à des fétiches exotiques. Qu’elles proviennent de bûches, de racines ou de branches de pin, de mimosa, de chêne ou de prunier, ces formes brutes, finalement assez peu modifiées par l’artiste au départ, dégagent une force magique. Rehaussées de couleurs gaies et acidulées, disposées à la verticale ou à l’horizontal, elles incarnent des puissances tutélaires. Les nœuds, les stries, les écorces, les anneaux du bois constituent autant de chances données à l’artiste pour redonner vie à ces bois morts, leur conférer un pouvoir surnaturel. Les motifs colorés dessinés dans les anfractuosités du bois renvoient aux cultures chamaniques, à des pratiques de médiation entre les êtres humains et les esprits de la nature, comme les titres nous le suggèrent : « Cerf », « Masque », « Dragon », etc.
Dans cette œuvre d’une grande délicatesse et fragilité, notre esprit reste toujours en suspens, à l’image de ces « Attrapes rêves », petits mobiles circulaires et colorés, virevoltant dans l’air au bout de leur fil. On les dirait tissés par des araignées… L’art minutieux, presque arachnéen, de Valérie Bonduelle entretient un rapport indicible à l’enfance. Il cherche à renouer, par l’usage de la couleur vive, les objets glanés sur le sable et les travaux d’aiguille, avec un monde enfui et apaisé.
Scarlett Reliquet
Responsable de programmation
Cours, colloques, conférences, cafés littéraires Service culturel et de l'auditorium
Musée d'Orsay 62, rue de Lille 75343 - Paris Cedex 07
Exposition participative sur le thème "En toute intimité" Galerie ARTEVA, pour la Nuit des Galeries à Nantes
Ballade des Ateliers de Chantenay Butte sainte Anne à Nantes, exposant parallèlement
dans deux lieux des Créations " Textiles et Encres", ainsi que mes Totems aux couleurs vives
Retrouvez mes dernières créations à la Galerie GAIA, anciennement Galerie Arts Pluriels, 4, rue Fénelon à Nantes, derrière l'Ecole des Beaux Arts.
Et sur mon site d'Artiste créé cet été
Mes Bois polychromes ont été exposés en association avec des Lithographies de Bram Van Velde à la Galerie Art pluriels, 4 rue Fénelon à Nantes.
Plusieurs expositions au Petit Marché de l'Art", Galerie du Rayon Vert, 1, Rue Sainte Marthe, à Nantes